Page:Anatole France - Les Désirs de Jean Servien.djvu/223

Cette page a été validée par deux contributeurs.

puis, de son bras qu’entourait le brassard blanc des infirmières, elle souleva la tête de Jean. Il rouvrit les yeux, la vit, poussa le plus grand soupir d’amour qui soit jamais sorti d’une poitrine humaine et sentit ses paupières retomber doucement. Il ne se rappelait rien ; seulement elle était penchée sur lui, et elle l’avait caressé de son souffle. Elle lui mouillait les tempes, et il se sentait renaître, délicieusement. M. Bargemont pencha la bougie sur Jean Servien qui, rouvrant les yeux pour la seconde fois, vit la joue rouge du gros homme effleurant l’oreille délicate de la tragédienne. Il poussa un grand cri et s’agita convulsivement.

— « C’est peut-être une crise d’épilepsie », dit M. Bargemont en toussant ; car il s’enrhumait dans cet escalier.

Elle reprit :

— « On ne peut pas laisser un malade sans secours. Réveillez Rosalie. »