Page:Anatole France - Les Désirs de Jean Servien.djvu/218

Cette page a été validée par deux contributeurs.

par des gardes nationaux de mauvaise mine.

— « Je suis plus républicain que vous, s’écriait le gros homme ; j’ai toujours protesté contre les infamies de l’Empire. Mais quand vous criez : Vive Blanqui !… permettez… j’ai le droit de crier : Vive Jules Favre ! permettez, j’ai le droit… » Les huées qui s’étaient élevées lui couvrirent la voix. Des gens en képi lui montraient le poing et l’appelaient « traître, capitulard, badingouin ». Sur sa large face, défaite par la peur, restaient encore de vieux plis d’insolence bourgeoise. Une fille qui passait cria : « À l’eau ! » Cent voix répétèrent : « À l’eau ! » À ce moment il se fit une grande poussée et M. Bargemont se jeta dans la cour de la mairie. Une escouade de gardiens de la paix le reçut et se referma sur lui. Il était sauvé !

La foule amassée s’écoula peu à peu et Jean entendit le récit de l’affaire passer