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peints en rouge. Le plus souvent un ciel gris pommelé comme les percherons qui passaient recouvrait avec une douce tristesse le faubourg tranquille. Elle s’asseyait sur un banc et, pendant que le petit jouait au pied d’un arbre, elle tricotait un bas et conversait avec un invalide à qui elle confiait qu’il était dur de vivre chez les autres.

Un jour, un des derniers beaux jours de l’automne, Jean accroupi à terre piquait dans le sable humide et fin des écorces de platanes. Cette puissance d’illusion qui fait vivre les enfants dans un miracle perpétuel changeait pour lui une poignée de terre et de bois en de merveilleuses galeries, en des châteaux féeriques ; il en battit des mains ; il en bondit de joie. Alors, il se sentit pris dans quelque chose de doux et de parfumé. C’était la robe d’une dame qui passait et dont il ne vit rien, sinon qu’elle souriait