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Il lut un morceau de sa tragédie parce qu’il avait des doutes sur le nombre de la période, un autre parce qu’il y trouvait des audaces heureuses, puis un troisième afin de faire mieux comprendre les précédents, puis les cinq actes d’un bout à l’autre. Il jouait en lisant, changeait de voix selon les personnages, se démenait, et, pour retenir sa calotte noire qui tombait aux endroits pathétiques, se donnait sur le crâne des coups de poing retentissants.

Cette tragédie sacrée, dont la femme était absente, devait être jouée par les élèves de l’institution dans une solennité. L’année précédente, il avait fait représenter une première tragédie de sa façon, Le Baptême de Clovis. Un religieux, M. Schuver, avait suspendu des guirlandes de roses en papier pour figurer le champ de bataille de Tolbiac et la basilique de Reims. Afin de donner un aspect