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— « Vous êtes jeune.

— « Oui, mais il y a déjà longtemps que je vous aime.

— « Cela vous est venu tout d’un coup, n’est-ce pas ?

— « Oui, en vous voyant.

— « C’est ce que je pensais. Vous êtes inflammable, à ce qu’il paraît.

— « Je ne sais, madame. Je vous aime et je suis bien malheureux. Je ne sais plus comment vivre, et je ne veux pas mourir, puisque je ne vous verrais plus. Laissez-moi près de vous quelquefois. On doit y être si bien !

— « Mais, monsieur, je ne vous connais pas, moi !

— « C’est mon malheur, cela. Mais comment puis-je être un étranger pour vous ? Vous n’êtes pas, oh, non ! vous n’êtes pas une étrangère pour moi. Je ne connais, je ne sais que vous au monde. »