Page:Anatole France - Les Désirs de Jean Servien.djvu/132

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le ciel à la terre. Une paix délicieuse descendait sur la campagne avec les lueurs tremblantes des premières étoiles. Mais ce n’était pas la paix que Jean Servien venait chercher.

Encore quelques pas sur la chaussée pierreuse, et voici la grille tapissée de vigne vierge, telle qu’on la lui a décrite.

Il la regarde longuement, avec piété. Il admire, à travers les barreaux, entre les branches sombres d’un arbre de Judée, un pavillon blanc à perron de pierre, orné de deux vases bleus. Rien ne bouge aux fenêtres, rien sur le sable de l’allée ; ni voix, ni souffles, ni bruits de pas. Et pourtant, après une longue contemplation, il s’en va presque heureux, l’âme remplie.

Il attendit sous les vieux noyers de l’avenue l’heure où les fenêtres s’éclairent une à une dans la nuit sombre, puis il revint sur ses pas. Comme il passait