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à l’aménagement de la scène, il est, même à l’Opéra, d’une naïveté à faire rougir un Polynésien. J’ai imaginé un système de décors circulaires dans le but de supprimer ces bandes de toile qui figurent le ciel sans produire la moindre illusion. J’ai aussi inventé un appareil de quinquets et de réflecteurs situés de manière à éclairer les personnages de haut en bas, comme le soleil, ce qui est rationnel, et non plus de bas en haut, comme la rampe, ce qui est absurde.

— « En effet, dit Servien. Mais vous parliez de la mère de Gabrielle T***.

— « C’était une belle femme, reprit l’architecte, grande, brune, avec de petites moustaches qui lui allaient très bien… Vous concevez l’effet de mon décor circulaire : un ciel immense répandant une lumière égale sur les acteurs et donnant aux formes leurs ombres naturelles. On joue la Muette je suppose ; la