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— « Hé bien, mon jeune ami, puisque vous ressentez le véritable amour, je vous aiderai. Je suis un grand tacticien, et si le roi Carlo-Alberto avait lu un mémoire militaire que je lui envoyai, il aurait gagné la bataille de Novare. Il ne lut pas mon mémoire et la bataille fut perdue, mais ce fut une défaite glorieuse. Oh ! combien fortunés les fils de l’Italie qui moururent pour leur mère dans cette sainte bataille ! Les hymnes des poètes et les larmes des femmes leur firent des funérailles dignes d’envie. Je dis : quelle belle et héroïque chose, la jeunesse ! quelles divines flammes s’échappent des jeunes poitrines pour remonter vers le Créateur ! J’admire surtout les jeunes gens qui se précipitent dans les aventures de la guerre et du sentiment, avec l’impétuosité naturelle de leur âge. »

Le Tasse, Novare et la diva tant aimée des cardinaux se mêlaient dans la tête