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C’est pourquoi les Bretons ne le tuèrent pas. Ils le conduisirent enchaîné dans un grand village voisin de la côte. En traversant une esplanade qui s’étendait au milieu des huttes de chaume, il remarqua des pierres hautes et plates, fichées en terre à intervalles irréguliers et couvertes de signes qu’il tint pour sacrés, car il n’était pas facile d’en découvrir le sens. Il vit que les huttes de ce grand village étaient semblables à celles des villages atrébates, mais d’une moindre richesse. Devant les huttes des chefs, des perches se dressaient, portant des hures de sangliers, des bois de rennes, des têtes chevelues d’hommes blonds. Komm fut conduit dans une hutte qui ne renfermait que la pierre, du foyer recouverte encore de cendres, un lit de feuilles sèches et la figure d’un Dieu taillée dans une bille de tilleul. Lié au pilier qui soutenait le toit de chaume, l’Atrébate méditait sa mauvaise fortune et cherchait dans son esprit soit quelque parole magique très puissante, soit quelque artifice ingénieux, pour échapper à la colère des chefs bretons.