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de cette porte s’étendait la place publique où reluisaient, sous les arbres, les bancs des anciens. C’est auprès de cette place, sur le côté opposé à la mer, que s’arrêta le Vieillard. Là était sa maison. Étroite et basse, elle n’égalait pas en beauté la maison voisine où un devin illustre vivait avec ses enfants. L’entrée disparaissait à demi sous un tas de fumier qu’un porc fouillait de son groin. Ce tas était modique et non pas ample comme il s’en voit devant les demeures des hommes riches. Mais derrière la maison s’étendaient un verger et des étables que le Vieillard avait construites de ses mains, en pierres non équarries. Le soleil gagnait les hauteurs du ciel blanchi ; la brise de la mer était tombée. Un feu subtil, flottant dans l’air, brûlait les poitrines des hommes et des animaux. Le Vieillard s’arrêta un moment sur le seuil pour essuyer du revers de sa main la sueur de son front. Son chien, l’œil attentif et la langue pendante, immobile, soufflait.

La vieille Mélantho, venue du fond de la demeure, parut sur le seuil et prononça de bonnes paroles. Elle s’était fait attendre,