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Mathurine. Nous y conduisîmes la nièce. Et M. l’abbé Coignard, qui avait l’air assez vénérable, en dépit de son soulier sans boucle, accompagna la belle Sophie au logis de madame sa tante, à qui il fit un conte :

« J’eus le bonheur, lui dit-il, de rencontrer mademoiselle votre nièce dans le moment où elle était précisément attaquée par quatre larrons armés de pistolets, et j’appelai le guet d’une si forte voix que les voleurs épouvantés enfilèrent la venelle, mais non point assez vite pour échapper aux sergents qui, par grand hasard, accouraient à mon appel. Ils s’emparèrent des brigands après une lutte qui fut chaude. J’y pris part, madame, et j’y pensai perdre mon chapeau. Après quoi nous fûmes conduits, mademoiselle votre nièce, les quatre larrons et moi, devant monsieur le lieutenant criminel, qui nous traita avec obligeance, et nous retint jusqu’au jour dans son cabinet pour recueillir notre témoignage. »

La tante répondit sèchement :

« Je vous remercie, monsieur, d’avoir tiré ma nièce d’un danger qui, à vrai dire, n’est