Page:Anatole France - Le crime de Sylvestre Bonnard, membre de l’Institut, 1849.djvu/50

Cette page n’a pas encore été corrigée

s’écriait Thérèse effarée, en descendant quatre à quatre, à ma poursuite, les marches de l’escalier, mon chapeau à la main.

— Je vais mettre une lettre à la poste, Thérèse.

— Seigneur Dieu ! s’il est permis de s’échapper ainsi, nu-tête, comme un fou.

— Je suis fou, Thérèse. Mais qui ne l’est pas ? Donnez-moi vite mon chapeau.

— Et vos gants, monsieur ! et votre parapluie !

J’étais au bas de l’escalier que je l’entendais encore s’écrier et gémir. 10 octobre 1869.

J’attendais la réponse du Seigneur Michel-Ange Polizzi avec une impatience que je contenais mal. Je ne tenais pas en place ; je faisais des mouvements brusques ; j’ouvrais et je fermais bruyamment mes livres. Il m’arriva un jour de culbuter du coude un tome du Moréri. Hamilcar, qui se léchait, s’arrêta soudain et, la patte par-dessus l’oreille, me regarda d’un œil fâché. Était-ce donc à cette vie tumultueuse qu’il