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Je lis, je pousse un cri. Hamilcar, qui a pris avec l’âge une gravité qui m’intimide, me regarde d’un air de reproche et semble me demander si le repos est de ce monde, puisqu’il ne peut le goûter auprès de moi, qui suis vieux comme il est vieux.

Dans la joie de ma découverte, j’ai besoin d’un confident, et c’est au tranquille Hamilcar que je m’adresse avec l’effusion d’un homme heureux.

— Non, Hamilcar, non, le repos n’est pas de ce monde, et la quiétude à laquelle vous aspirez est incompatible avec les travaux de la vie. Et qui vous dit que nous sommes vieux ? Écoutez ce que je lis dans ce catalogue et dites après s’il est temps de se reposer :

« La Légende dorée de Jacques de Voragine ; traduction française du XIVe siècle, par le clerc Jehan Toutmouillé.

« Superbe manuscrit, orné de deux miniatures, merveilleusement exécutées et dans un parfait état de conservation, représentant, l’une la Purification de la Vierge et l’autre le Couronnement de Proserpine.