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Et, du haut des voûtes, ce nom retomba sur ma tête avec fracas, comme brisé.

La face grave et muette du suisse, que je vis s’avançant vers moi, me fit honte de mon enthousiasme, et je m’enfuis à travers les deux goupillons croisés sur ma poitrine par deux rats d’église rivaux.

Pourtant c’était bien mon Jean Toutmouillé ! plus de doute ; le traducteur de la Légende dorée, l’auteur des vies des saints Germain, Vincent, Ferréol, Ferrution et Droctovée, était, comme je l’avais pensé, un moine de Saint-Germain-des-Prés. Et quel bon moine encore, pieux et libéral ! Il fit faire un menton d’argent, une tête d’argent, un pied d’argent pour que des restes précieux fussent couverts d’une enveloppe incorruptible ! Mais pourrai-je jamais connaître son œuvre, ou cette nouvelle découverte ne doit-elle qu’augmenter mes regrets ?


20 août 1869.

« Moi, qui plais à quelques-uns et qui éprouve tous les hommes, la joie des bons et la terreur des méchants ; moi, qui fais et détruis l’erreur,