lui plaira, mais elle en sortira en carrosse. C’est moi qui vous le dis.
Thérèse réfléchit un moment ; puis elle prononça cette sentence :
« Une jolie figure est une malédiction du ciel ! »
Bien que sachant à n’en point douter que Thérèse avait été laide et dépourvue de tout agrément dès sa jeune saison, je hochai la tête et lui dis avec une détestable malice :
— Hé ! hé ! Thérèse, j’ai appris que vous aussi vous eûtes en votre temps une jolie figure.
Il ne faut tenter nulle créature au monde, fût-ce la plus sainte.
Thérèse baissa les yeux et répondit :
— Sans être ce qu’on appelle jolie, je ne déplaisais pas. Et si j’avais voulu j’aurais fait comme les autres.
— Qui donc en oserait douter ? Mais prenez ma canne et mon chapeau. Je vais lire, pour me récréer, quelques pages du Moréri. Si j’en crois mon flair de vieux renard, nous aurons à dîner une pou larde d’un fumet délicat. Donnez vos soins, ma fille, à cette estimable volaille et