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Priez le Dieu du ciel
Qu’il me délivre vite,
Qu’il me donne un garçon !

Il est évidemment déraisonnable de donner la vie à des malheureux. Mais cela se fait journellement, ma pauvre Thérèse, et tous les philosophes du monde ne parviendront pas à réformer cette sotte coutume. Madame Coccoz l’a suivie et elle chante. Voilà qui est bien ! Mais, dites-moi, Thérèse, n’avez-vous pas mis aujourd’hui le pot-au-feu ?

— Je l’ai mis, monsieur, et même il n’est que temps que j’aille l’écumer.

— Fort bien ! mais ne manquez point, Thérèse, de tirer de la marmite un bon bol de bouillon, que vous porterez a madame Coccoz, notre hypervoisine.

Ma gouvernante allait se retirer quand j’ajoutai fort à propos :

— Thérèse, veuillez donc, avant tout, appeler votre ami le commissionnaire, et dites-lui de prendre dans notre bûcher une bonne crochetée de bois qu’il montera au grenier des Coccoz. Surtout, qu’il ne manque pas de mettre dans son tas une maîtresse bûche, une vraie bûche de Noël.