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soutint les droits du pape contre les gallicans avec une ardeur qui souleva contre lui les haines sous lesquelles il devait plus tard succomber.

Après 1830, quand je le connus, il était libéral ; emporté par la logique enflammée de son esprit, il allait droit à la République. Il voulait la liberté, il la voulait toute. Mais prenez bien garde que c’est pour la seule Église qu’il la voulait. Quand il réclamait avec M. de Montalembert la liberté d’enseignement et la séparation de l’Eglise et de l’État, c’était dans l’intérêt exclusif de l’Église.

Cet homme qui, dans la vaste solitude de son génie, luttait ainsi pour la papauté contre le gouvernement royal et le clergé de France, eut la pensée de solliciter du Saint-Père une approbation qu’on ne devait pas attendre, hélas ! de la prudence romaine. L’abbé de Lamennais, vous le savez, Messieurs, partit pour Rome avec