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de son esprit égalait celle de sa naissance. Car il fut le plus habile peintre de son temps. Il accomplit de grands travaux à Florence. Les Pisans lui demandèrent d’orner, après Giotto, les murs de ce saint cloître où les morts reposent sous des roses dans une terre apportée de Jérusalem. Or, ayant longtemps travaillé dans les villes et gagné beaucoup d’argent, il voulut revoir la bonne cité d’Arezzo, sa mère. Les Arétins n’avaient pas oublié que Spinello, dans sa jeunesse, inscrit à la confrérie de Sainte-Marie de la Miséricorde, avait, lors de la peste de l’an 1383, visité les malades et enseveli les morts. Ils lui savaient gré d’avoir, par ses ouvrages, répandu la gloire d’Arezzo sur toute la Toscane. C’est pourquoi ils le reçurent avec de grands honneurs. Encore plein de force en son vieil âge, il se chargea de grandes tâches dans sa ville. Sa femme lui disait :

— Tu es riche. Prends du repos, et laisse aux jeunes gens le soin de peindre à ta place. Le repos est sage au déclin de l’âge. Il convient d’achever la vie dans un calme doux et pieux. C’est tenter Dieu que d’élever sans cesse les œuvres profanes comme des Babel. Spinello,