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milieu de la ville. Il le trouva chaussant ses éperons dans la grande salle, au milieu de ses lansquenets. Car le pontife était alors en guerre avec les gibelins de Florence. Il demanda au moine quel sujet l’amenait, et, quand il en fut instruit, il l’invita à lui faire sur-le-champ lecture de sa relation. Fra Mino obéit. Le seigneur évêque écouta la lecture jusqu’au bout. Il n’avait point de clartés spéciales sur les apparitions ; mais il était animé d’un zèle ardent pour les intérêts de la foi. Sans tarder d’un jour ni se laisser détourner par les soins de sa guerre, il chargea douze illustres docteurs en théologie et droit canon d’examiner cette affaire, et les pressa d’apporter leurs conclusions. Après mûr examen et non sans avoir interrogé maintes fois fra Mino, les docteurs décidèrent qu’il convenait d’ouvrir le tombeau de saint Satyre en la chapelle de San Michele, et d’y faire des exorcismes extraordinaires. Sur les points de doctrine soulevés par fra Mino, ils ne se prononcèrent pas formellement, inclinant toutefois à tenir pour téméraires, frivoles et nouveaux les arguments du franciscain.