vaux recouverts d’écailles, de plumes ou de fourrures, de manière à figurer dragons, griffons, lions, lynx, panthères, licornes, promenaient dans la ville des hommes et des femmes nus, dorés tout en plein, qui représentaient les divinités de l’Olympe, descendues sur la terre pour célébrer les noces vénosiennes. On voyait dans un de ces chars un jeune garçon ailé qui foulait aux pieds trois vieilles d’une laideur dégoûtante. Une tablette élevée au-dessus du char portait cette devise : L’Amour vainqueur des Parques. Et il fallait entendre par là que les deux époux goûteraient l’un près de l’autre un long âge de bonheur. Mais cet amour plus fort que les destins était un faux présage. Deux ans après son mariage, un jour qu’elle allait chasser à l’oiseau, doña Maria d’Avalos vit le duc d’Andria, qui était beau et bien fait, et l’aima. Honnête, bien née, soucieuse de sa gloire et dans cette première jeunesse où les femmes n’ont pas encore d’audace à contenter leurs désirs, elle n’envoya pas une entremetteuse vers le gentilhomme pour lui assigner un rendez-vous dans l’église ou chez elle. Elle ne laissa point paraître ses sen-
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