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— Voilà ma caution.

Eliézer ayant regardé tour à tour, d’un œil subtil, le marchand chrétien, la Madone et l’Enfant, inclina la tête et dit qu’il acceptait la caution. Il ramena Fabio dans sa maison et lui remit cinq cents ducats bien pesés :

— Ceci est à toi pour une année. Si dans un an, jour pour jour, tu ne m’as pas rendu la somme avec les intérêts au taux fixé par la loi de Venise et la coutume des Lombards, imagine loi-même, Fabio Mutinelli, ce que je penserai du marchand chrétien et de sa caution.

Fabio, sans perdre de temps, acheta des vaisseaux et les chargea de sel et de diverses autres marchandises qu’il vendit dans les villes de l’Adriatique à grand bénéfice. Puis, avec un nouveau chargement, il fit voile pour Constantinople où il acheta des tapis, des parfums, des plumes de paon, de l’ivoire et de l’ébène, qu’il fit échanger par ses commis, sur la côte de Dalmatie, contre des bois de construction qui, d’avance, lui étaient achetés par les Vénitiens. Par ce moyen, il décupla en six mois la somme qu’il avait reçue.

Mais un jour qu’il se divertissait en barque,