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une mauvaise réponse et entendait des discours qui revenait à celui-ci :

— Vous avez eu grand tort de vendre votre vaisselle pour payer vos dettes. On prête à un homme endetté, on ne prête pas à un homme dépouillé de meubles et de vaisselle.

Le cinquième jour, il poussa, de désespoir, jusqu’à la Corte delle Galli, qu’on nomme aussi le Ghetto et qui est le quartier des juifs.

— Qui sait, se disait-il, si je n’obtiendrai pas d’un circoncis ce que des chrétiens m’ont refusé ?

Il s’achemina donc entre les rues San Geremia et San Girolamo, dans un canal étroit et puant, dont chaque nuit, sur l’ordre du Sénat, l’entrée était barrée par des chaînes. Et, dans l’embarras de savoir à quel usurier il s’adresserait d’abord, il lui souvint d’avoir oui parler d’un israélite nommé Eliézer, fils d’Eliézer Maimonide, qu’on disait grandement riche et d’un esprit merveilleusement subtil. Donc, s’étant enquis de la maison de ce juif Eliézer, il y arrêta sa gondole. On voyait sur la porte une image du chandelier à sept branches, que le circoncis avait fait sculpter comme un signe d’espérance, en vue des jours promis où le Temple renaîtrait de ses cendres.