fourreurs, les marchands de soie et toutes gens adonnés aux arts supérieurs. Mais ces bourgeois s’étant montrés faibles et cupides, le peuple les chassa à leur tour et donna le pouvoir aux petits artisans. En l’an 1368e de la glorieuse Incarnation du fils de Dieu, la seigneurie fut composée de quatorze magistrats choisis parmi les bonnetiers, les bouchers, les serruriers, les cordonniers et les maçons, qui formèrent un grand conseil appelé le Mont des Réformateurs. C’étaient des plébéiens rudes comme la Louve de bronze, emblème de leur Ville, qu’ils aimaient d’un amour filial et terrible. Mais le peuple, qui les avait établis sur la république, avait laissé subsister au-dessous d’eux les Douze, qui étaient de la classe des banquiers et des riches marchands. Ceux-ci conspiraient avec les nobles, à l’instigation de l’empereur, pour vendre la Ville au pape.
Le césar allemand était l’âme du complot ; il promettait ses lansquenets pour en assurer le succès. Sa hâte était grande que l’affaire fût faite, comptant qu’avec le prix de la vente il pourrait retirer la couronne de Charlemagne,