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change, ils dressent des idoles à la face des hommes. Et, disant : « L’or a une valeur », ils mentent. Car l’or est plus vil que les feuilles sèches qui, dans le vent d’automne, tournoient et bruissent au pied des térébinthes. Et il n’y a de précieux que le travail de l’homme, lorsque Dieu le regarde.

Or, tandis qu’il méditait de la sorte, fra Giovanni vit que la montagne était ouverte et que des hommes en tiraient des pierres. Et l’un des carriers demeurait couché sur la route, vêtu d’un lambeau d’étoffe grossière ; son corps avait reçu les morsures cuisantes du froid et du chaud. Les os de ses épaules et de sa poitrine étaient comme à nu sur sa chair exténuée. Et une grande désolation coulait du creux noir de ses yeux.

Fra Giovanni s’approcha de lui, disant :

— La paix soit avec vous !

Mais le carrier ne répondit rien ; il ne détourna pas la tête. Et fra Giovanni, croyant qu’il ne l’avait point entendu, dit encore :

— La paix soit avec vous.

Et il prononça les mêmes paroles une troisième fois.