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Et Satan lui dit :

— Que penses-tu de la pauvreté ?

Le saint nomme répondit :

— Je pense que c’est une perle précieuse.

Et Satan répliqua :

— Tu prétends que la pauvreté est un grand bien, et tu ôtes aux pauvres une part de ce grand bien en leur faisant l’aumône.

Et fra Giovanni songea et dit :

— L’aumône que je fais, je la fais à Notre-Seigneur Jésus-Christ dont la pauvreté ne peut être diminuée. Car elle est infinie, et elle sort de lui comme une source inépuisable, et il la répand sur ses préférés. Et ceux-là seront toujours pauvres, selon la promesse du fils de Dieu. En donnant aux pauvres, je ne donne point aux hommes, mais à Dieu, comme les citoyens payent l’impôt au podestat, et l’impôt est pour la ville qui, par l’argent qu’elle en reçoit, pourvoit à ses besoins. Et ce que je donne est afin de paver la cité de Dieu. Il est vain d’être pauvre de fait, si l’on n’est pauvre par l’esprit. Car la véritable pauvreté est esprit. La robe de bure, le cordon, les sandales, la besace et l’écuelle de bois n’en sont