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VII

NAVARIN


J’avais connu de tout temps madame Laroque qui, dans notre maison, habitait avec sa fille un petit appartement au fond de la cour. C’était une vieille dame normande, veuve d’un capitaine de la garde impériale. Elle n’avait plus de dents et ses lèvres molles rentraient sous ses gencives ; mais ses joues étaient rondes et empourprées comme les pommes de son pays. N’ayant aucune idée de l’instabilité de la nature et de l’écoulement des choses, je la croyais contemporaine des premiers âges du monde et en possession d’une impérissable vieillesse. On