Page:Anatole France - Le Petit Pierre.djvu/336

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Rentré à la maison, je remis à mon père la liste des livres qu’il fallait se procurer le plus tôt possible. Mon père parcourut cette liste d’un regard paisible et me dit qu’il fallait demander ces ouvrages à l’économat du Collège.

— Ainsi, me dit-il, tu auras de chaque livre l’édition adoptée par ton professeur et possédée par la plupart de tes condisciples : même texte, mêmes notes. Cela vaudra beaucoup mieux.

Et il me rendit ma liste.

— Mais, lui dis-je, Esther et Athalie ?

— Eh bien, mon enfant, l’économe te remettra Esther et Athalie avec les autres livres.

J’étais déçu. J’aurais voulu avoir tout de suite Esther et Athalie. J’en attendais une grande joie. Je tournais autour de la table où mon père était occupé à écrire.

— Papa, Esther et Athalie ?…

— Ne musarde pas : va travailler et laisse-moi tranquille !

Je fis mon thème latin assis sur un talon, sans goût et mal.

Pendant le dîner, ma mère m’adressa diverses questions sur mes professeurs, sur mes condisciples, sur les classes.