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d’aller m’y chercher l’après-midi à quatre heures.

Cette institution Saint-Joseph occupait un vieil hôtel de la rue Bonaparte, qui avait grand air.

Je ne dis pas que j’en goûtais le style, ni que j’estimais à son prix le noble escalier de pierre, avec sa rampe en fer forgé, et les grands salons blancs, verdis par le reflet des arbres, où M. Grépinet nous faisait la classe. Mon goût mal poli me portait plutôt à admirer la chapelle avec sa Vierge peinte, ses fleurs en papier dans des vases sous des globes, et sa lampe d’or qui pendait d’un ciel bleu, semé d’étoiles.

L’institution Saint-Joseph servant d’école préparatoire au collège X…, les petits n’y étaient pas, ainsi que dans les lycées, en proie aux grands, comme les goujons aux brochets dans les rivières et les étangs. D’un âge tendre, égaux en faiblesse, encore peu avancés en méchanceté, nous ne nous opprimions pas trop les uns les autres. Les maîtres montraient de la douceur ; la puérilité des surveillants les rapprochait de nous. Enfin, sans me plaire beaucoup dans cette maison, je n’y éprouvai