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Le chaos régnait encore quand de nouveau une grande rumeur monta de la cour. Le cocher de M. Bellaguet, le père Alexandre, concierge de notre maison, la bonne des Caumont, le jeune Alphonse criaient ensemble :

— Le voilà, le voilà !

Cette fois, je le vis distinctement sur le faîte du toit, le papegai de la comtesse Michaud. Il était vert avec du rouge sur les ailes. Mais à peine s’était-il montré qu’il disparut.

Les gens de la cour disputèrent entre eux sur la direction qu’il avait prise. L’un croyait qu’il s’était envolé vers le jardin de M. Bellaguet qui lui rappelait, pensait-on, les forêts du Brésil où s’était écoulée son enfance. Un autre affirmait qu’il avait gagné le quai, prêt à se jeter dans la rivière. Le concierge l’avait vu s’élancer sur le clocher de Saint-Germain-des-Prés. Mais l’imagination de ce vieux napoléonien, hantée par le souvenir de l’aigle aux couleurs nationales, l’égarait. Le perroquet de la comtesse Michaud ne volait pas de clocher en clocher. Le commis de M. Caumont conjecturait avec plus de vraisemblance que, pressé par la faim, l’oiseau fugitif gagnait le toit qui abritait sa mangeoire. Simon de Nantua,