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commandeur Aspertini, de Naples, philologue, agronome, député au Parlement italien, qui, depuis dix ans, entretenait avec M. Bergeret une docte correspondance, à la manière des grands humanistes de la Renaissance et du xviie siècle, et qui ne manquait pas d’aller voir son correspondant ultramontain à chaque voyage qu’il faisait en France. Carlo Aspertini était grandement estimé par tout le monde savant pour avoir lu, dans un des rouleaux carbonisés de Pompéi, tout un traité d’Épicure. Maintenant il s’adonnait à l’agriculture, à la politique et aux affaires ; mais il aimait chèrement la numismatique, et ses mains élégantes avaient besoin de toucher des médailles. Ce qui l’attirait à ***, c’était, en même temps que le plaisir d’y trouver M. Bergeret, la volupté de revoir l’incomparable collection de monnaies antiques, léguée à la bibliothèque de la ville par Boucher de La Salle. Il y venait aussi colla-