Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/85

Cette page a été validée par deux contributeurs.

À l’angle de la rue courte qui descend sur le quai, entre deux rangées de jardinets, madame Martin ralentit le pas :

— C’est vrai qu’à Venise, dit-elle, les femmes sont jolies.

— Elles sont presque toutes jolies, madame. Je parle des filles du peuple, des cigarières, des petites ouvrières des verreries. Les autres sont comme partout.

— Les autres, vous voulez dire les femmes du monde ; et vous ne les aimez pas, celles-là ?

— Les femmes du monde ? Oh ! Il y en a de charmantes. Quant à les aimer, c’est toute une affaire.

— Croyez-vous ?

Elle lui tendit la main et tourna brusquement l’angle de la rue.