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conduire au buffet. Il m’a fait de grands compliments… sur mes chevaux. Il m’a dit aussi qu’il n’y avait rien de plus beau que les bois, l’hiver. Il m’a parlé des loups et des louvarts. Cela m’a rafraîchie.

Le général, qui n’aimait pas les jeunes gens, dit qu’il avait rencontré Le Ménil, la veille, au Bois, galopant à tombeau ouvert.

Il déclara que les vieux cavaliers conservaient seuls la bonne tradition, que les gens du monde avaient maintenant le tort de monter comme des jockeys.

— De même pour l’escrime, ajouta-t-il. Autrefois…

La princesse Seniavine l’interrompit brusquement :

— Général, regardez donc comme madame Martin est jolie. Elle est toujours charmante, mais en ce moment elle l’est plus que jamais. C’est qu’elle s’ennuie. Rien ne lui va mieux que l’ennui. Depuis que nous sommes ici, nous l’embêtons ferme. Aussi voyez la : le front chargé, le regard vague, la bouche douloureuse. Une victime !

Elle bondit, embrassa tumultueusement Thérèse, et s’enfuit, laissant le général étonné.

Madame Martin-Bellème le supplia de ne pas écouter cette folle.