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quand j’ai rencontré Larivière, je venais de recevoir une lettre de Caumont me rappelant ma promesse d’aller détruire les renards dans son bois, et j’y avais répondu courrier par courrier. Je comptais vous en avertir aujourd’hui. Je regrette d’avoir été devancé par le général Larivière, mais cela n’a pas d’importance.

Les bras relevés en anse sur sa tête, elle tourna vers lui un regard tranquille, qu’il ne comprit pas.

— Alors vous partez ?

— La semaine prochaine, mardi ou mercredi. Je resterai absent dix jours au plus.

Elle mettait sa toque de loutre piquée d’une branche de gui.

— C’est une chose qui ne peut pas se retarder ?

— Oh ! non, la peau de renard ne vaudrait plus rien dans un mois. Et puis Caumont a invité de bons camarades à qui mon absence ferait de la peine.

Fixant sa toque sur sa tête par une longue épingle, elle fronça le sourcil.

— C’est très intéressant, cette chasse ?

— Oui, très intéressant, parce que le renard a des ruses qu’il faut déjouer. L’intelligence de ces animaux est vraiment admirable. J’ai observé, la nuit, des renards qui chassaient le lapin. Ils avaient organisé une vraie battue, avec des