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visage inanimé de l’Empereur et rapporté en Europe par le docteur Antommarchi, avait été pour la première fois coulé en bronze et édité par souscription sous Louis-Philippe, en 1833, et qu’alors il avait inspiré de la surprise et de la défiance. On soupçonnait cet Italien, apothicaire de comédie, bavard et affamé, de s’être moqué du monde. Les disciples du docteur Gall, dont le système était alors en faveur, tenaient le masque pour suspect. Il n’y trouvaient point les bosses du génie, et le front examiné d’après les théories du maître ne présentait dans sa conformation rien de remarquable.

— Précisément, dit la princesse Seniavine, Napoléon n’est remarquable que pour avoir donné un coup de pied dans le ventre de Volney et volé des tabatières garnies de diamants. C’est Monsieur Garain qui vient de nous l’apprendre.

— Et encore, dit madame Martin, n’est-on pas bien sûr qu’il ait donné le coup de pied.

— Comme tout se sait à la longue ! reprit gaiement la princesse. Napoléon n’a rien fait : il n’a pas même donné un coup de pied à Volney, et il avait la tête d’un crétin.

Le général Larivière sentit qu’il devait charger à son tour. Il lança cette phrase :

— Napoléon, sa campagne de 1813 est très contestée.