Des pigeons volaient au-dessus de sa tête ; elle entendait glousser des poules. Un domestique à moustaches, d’aspect militaire et rural, ouvrit la porte. Elle se trouva dans une cour sablée qu’ombrageait un platane et sur laquelle, à gauche, au ras de la rue, était la loge, avec des cages de serins aux fenêtres. De ce côté se dressait, sous un treillis vert, le pignon de la maison voisine. Un atelier de sculpteur y adossait sa charpente vitrée qui laissait voir des figures de plâtre endormies dans la poussière. À droite, le mur peu élevé qui fermait la cour portait scellés des débris précieux de frises, des fûts rompus de colonnettes. Au fond, l’hôtel, pas bien grand, ouvrait les six fenêtres à meneaux de sa façade cachée à demi par le lierre et les rosiers.
Philippe Dechartre, épris de l’architecture française du xve siècle, avait reproduit là, très savamment, les caractères d’une habitation privée du temps de Louis XII. Cette maison, commencée au milieu du second Empire, n’avait point été terminée. Le bâtisseur de tant de châteaux était mort sans pouvoir achever sa bicoque. Il valait mieux qu’il en fût ainsi. Conçu dans une manière qui avait alors sa distinction et son prix, mais qui semble aujourd’hui banale et démodée, ayant perdu peu à peu son large cadre de jardins, resserré maintenant entre les murs