Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/269

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les animaux. J’ai remarqué que les chasseurs aimaient beaucoup les animaux. Je vous assure, darling, que M. Le Ménil parle admirablement des lièvres. Il connaît leurs habitudes. Il m’a dit que c’était un plaisir de les voir, au clair de lune, danser dans les bruyères. Il m’a assuré qu’ils étaient très intelligents, et qu’il avait vu un vieux lièvre, poursuivi par les chiens, forcer à coup de pattes un autre lièvre à sortir du gîte, pour donner le change. Darling, est-ce que M. Le Ménil vous a parlé des lièvres ?

Thérèse répondit qu’elle ne savait pas, qu’elle trouvait les chasseurs ennuyeux.

Miss Bell répliqua. Elle ne croyait pas que M. Le Ménil fût jamais ennuyeux en parlant des lièvres qui dansent au clair de lune, dans les bruyères et dans les vignes. Elle aurait voulu, comme Phanion, élever un petit lièvre.

— Darling, vous ne connaissez pas Phanion. Oh ! je suis bien sûre que M. Dechartre la connaît. Elle était belle, et chère aux poètes. Elle habitait dans l’île de Cos une maison au penchant de la colline, qui, couverte de citronniers et de térébinthes, descendait vers la mer bleue. Et l’on dit qu’elle regardait le regard azuré des flots. J’ai conté l’histoire de Phanion à M. Le Ménil, et il a été bien content de l’apprendre. Elle avait reçu de quelque chasseur un petit lièvre aux