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matin plus charmant que le jour. Dechartre était pour elle l’âme de ces formes magnifiques, l’esprit de ces nobles choses. C’est par lui, c’est en lui qu’elle comprenait l’art de la vie. Elle ne s’intéressait aux spectacles du monde qu’autant qu’il s’y intéressait lui-même.

Comment cette sympathie lui était-elle venue ? Elle n’en avait pas un souvenir précis. D’abord, lorsque Paul Vence voulut le lui présenter, elle n’avait aucun désir de le connaître, aucun pressentiment qu’il lui plairait. Elle se rappelait des bronzes élégants, de fines cires signées de son nom, qu’elle avait remarqués au salon du Champ-de-Mars ou chez Durand-Ruel. Mais elle n’imaginait pas qu’il pût être lui-même agréable, ni plus séduisant que tant d’artistes et d’amateurs d’art dont elle s’amusait dans ses déjeuners intimes. Quand elle le vit, il lui plut ; elle eut l’idée paisible de l’attirer, de le voir souvent. Le soir qu’il dîna chez elle, elle s’aperçut qu’elle avait pour lui un goût très noble qui la flattait elle-même. Mais, bientôt après, il l’irrita un peu : elle s’impatientait de le voir trop enfermé en lui-même et dans son monde intérieur, trop peu occupé d’elle. Elle aurait voulu le troubler. C’est dans cet état d’impatience, et d’ailleurs énervée, se sentant seule au monde, qu’elle l’avait rencontré, un soir, devant la grille du Musée des