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IV

LES ENFANTS D’ÉDOUARD

— Il a l’air d’un brigand, mon petit garçon, avec ses cheveux ébouriffés ! Coiffez-le « aux enfants d’Édouard », monsieur Valence.

M. Valence, à qui ma chère mère parlait de la sorte, était un vieux perruquier agile et boiteux, dont la seule vue me rappelait une odeur écœurante de fers chauds, et que je redoutais, tant à cause de ses mains grasses de pommade que parce qu’il ne pouvait me couper les cheveux sans m’en laisser tomber dans le cou. Aussi, quand il me passait un peignoir blanc et qu’il me nouait une serviette autour du cou, je résistais, et il me disait :