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landes autour de la niche de la sainte Vierge. Mais vous descendiez de temps en temps de votre escabeau pour juger à distance de l’effet de votre ouvrage, et vous en étiez content ; vos joues étaient rouges, votre œil était clair ; vous eussiez souri, sans les pointes que vous teniez entre vos dents. Et moi, je vous admirais de tout mon cœur. Et, bien que la lanterne qui était à terre vous éclairât les narines d’une façon comique, je vous trouvais très beau. Je compris que vous étiez au-dessus des ministres, comme vous nous l’aviez insinué dans un discours habile. Je pensai que monter tout empanaché sur un cheval blanc pour gagner une bataille n’était pas une chose aussi belle et désirable que de suspendre des guirlandes aux murs d’une chapelle. Je connus que ma vocation était de vous imiter.

Je vous imitai dès le soir même à la maison, en découpant avec les ciseaux de ma mère tout le papier que je pus trouver et dont je fis des guirlandes. Mes devoirs en souffrirent. Mon exercice français en souffrit notamment dans des proportions considérables.

C’était un exercice d’après le manuel d’un