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VII

LE PRESTIGE DE M. L’ABBÉ JUBAL

C’est le cœur gros de crainte et d’orgueil que j’entrai en huitième préparatoire. Le professeur de cette classe, M. l’abbé Jubal, n’était pas bien terrible par lui-même ; il n’avait pas l’air d’un homme cruel ; il avait plutôt l’air d’une demoiselle. Mais il se tenait dans une grande chaire haute et noire, et cela me le rendait effrayant. Il avait la voix et le regard doux, les cheveux bouclés, les mains blanches, l’âme bienveillante. Il ressemblait à un mouton, plus peut-être qu’il n’était séant à un professeur.

Ma mère, l’ayant vu un jour au parloir,