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une belle plante, sans qu’aucune puissance d’amour puisse retenir et prendre tout ce qu’elle répand au monde de parfum dans ce moment agité qui est la jeunesse et la vie. Au fond, il ne lui reproche rien, sinon qu'elle est. C’est là ce qu’il ne saurait supporter paisiblement. Elle est, elle vit, elle est belle, elle songe. Quel sujet d’inquiétude mortelle ! Il veut toute cette chair. Il la veut plus et mieux que n’a permis la nature, et toute.

La femme n’a pas cette imagination. Le plus souvent, ce qu’on prend chez elle pour de la jalousie, c’est la rivalité. Mais, quant à cette torture des sens, à cette hantise des apparitions odieuses, à cette fureur imbécile et lamentable, à cette