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LE JARDIN D'ÉPICURE


de l’entretien que j’eus cette nuit
avec un fantôme
sur les origines de l’alphabet


Dans le silence de la nuit, j’écrivais, j’écrivais depuis longtemps. Renvoyant sur ma table la lumière de la lampe, l’abat-jour laissait dans l’ombre les livres qui montent en étages sur les quatre faces du cabinet de travail. Le feu mourant semait dans les cendres ses derniers rubis. Les âcres vapeurs du tabac épaississaient l’air ; devant moi, dans une coupe, sur un monceau de cendres, une dernière cigarette élevait tout droit sa