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LE JARDIN D'ÉPICURE

Verbe ne s’est pas révélé seulement sur la sainte montagne dont parle l’Écriture. Le ciel des théologiens nous apparaît désormais peuplé de vains fantômes. Nous savons que la vie est brève, et, pour la prolonger, nous y mettons le souvenir des temps qui ne sont plus. Nous n’espérons plus en l’immortalité de la personne humaine ; pour nous consoler de cette croyance morte, nous n’avons que le rêve d’une autre immortalité, insaisissable celle-là, éparse, qu’on ne peut goûter que par avance, et qui, d’ailleurs, n’est promise qu’à bien peu d’entre nous, l’immortalité des âmes dans la mémoire des hommes.