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vieux stile de ce traducteur, que je ne croy point pouvoir égaler dans nostre langue moderne ». Féne-lon écrit, dans sa Lettre sur l’éloquence : « . Il se trouve qu’il y a dans le vieux langage d’Amyot je ne sais quoi de court, de naïf, de hardi, de vif, qui se fait regretter. »

Oui, il y a dans le langage d’Amyot tous ces je ne sais quoi. Mais ils sont aussi dans le langage de La Fontaine ; celui-là aussi est vif, hardi, naïf, court. La Fontaine a trouvé dans Amyot le sujet d’une fable, les Femmes et le Secret ; ii y a trouvé aussi un mot qu’il aurait peut-être dû y laisser, celui de sycophante, lequel, comme on voit, est plus grec que français.

2unocpâvTYi ; , de oûxov, figue, et (paîvsiv, découvrir, est le nom donné antiquement aux dénonciateurs des voleurs de figues dans les bois de l’Attique.

« Les délateurs qui accusoient et déceloient ceux qui en (des figues) transportoient furent appelez sycophantes. »

(Amiot, Salon.)

Dans une acception plus générale, le sycophante est un délateur. Cette extension du mot n’a rien de trop forcé. Mais La Fontaine nomme sycophante un loup qui s’habille en berger pour mieux croquer les moutons.

Guillot le sycophante approche doucement. Guillot, le vray Guillot, étendu sur l’herbette, Dormoit alors profondément.

(m. 3-) Ce loup, ce faux Guillot, est un fourbe ; mais il n’est