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Fontaine a pris ce mot à Rabelais. 11 a pu tout aussi bien l’entendre de quelque commère de Château-Thierry ou d’ailleurs.

L’asne, se prélassant, marche seul devant eux.

(m, i.)

Quant à papelard, substantif ou adjectif, s’il est dans Rabelais, il est aussi ! dans beaucoup de vieux conteurs. Et La Fontaine ne l’a pris à personne puisqu’il l’a trouvé dans le commun domaine.

Nous citions tantôt deux noms de chat ; en voici un troisième : c’est Mitis.

… Nostre maistre Mitis, Pour la seconde fois, les trompe et les affine.

(m, 18.)

On dirait dans le même sens : Maître Le Doux. Ce nom nous ramène aux vieux conteurs dans lesquels puisa La Fontaine. Ce nom de chat est dans la 23e nouvelle de Bonaventure des Périers.

La Fontaine dut lire Amyot avec beaucoup d’agrément. Le français d’Amyot n’était pas, comme on pourrait croire, mésestimé par les écrivains du xviie siècle. Vaugelas, tout sévère qu’il est pour le vieux langage, dit que « tous les magasins et tous les trésors du vrai langage français sont dans les œuvres de ce grand homme ». Racine, l’ami de La Fontaine, cite dans sa préface de Mithridate les paroles de Plu-tarque sur Monime, « telles qu’Amiot les a traduites, car, dit le poète tragique, elles ont une grâce dans le

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