médiocre espérance en l’autre monde, faisaient leur paradis en celui-ci. L’abbé Boisrobert, un autre familier du logis, était leur doyen. Il passait plus souvent sous la branche de houx du cabaret que sous le porche de l’église. Mme Cornuel disait que la chasuble de Boisrobert était faite d’une robe de Ninon. Jugez du tapage que faisaient tous ces loups quand Paul Scarron hurlait avec eux. Le cul-de-jatte avait bien dit, quelques jours avant son mariage, en parlant de son accordée : « Je ne lui ferai pas de sottises, mais je lui en apprendrai beaucoup. » La conversation devait être plus polie quand elle était menée par Segrais, Balzac et Saint-Évremond, beaux esprits et honnêtes gens. Quant aux femmes qui venaient s’asseoir sur le petit lit de satin jaune, à côté de Mme Scarron, elles avaient toutes des mérites, mais des mérites divers. C’était Mme de la Suze, Mme de la Sablière, Mme de Sévigné, Ninon et Marion.
Ninon trouve du plaisir à causer avec Mm’ Scarron, mais elle ne la croit pas faite pour l’amour, et Ninon s’y connaît. Saint-Evremond demande peu discrètement si la belle Francine… « Je ne sais rien, je n’ai rien vu, répond la bonne langue, mais je lui ai prêté souvent ma chambre à elle et à Villarceaux. » Villarceaux se défend avec chaleur : « Je ferais plutôt, dit-il, une proposition impertinente à la reine qu’à cette femme-là. » Et Tallemant, lui-même, est à court de médisances : « Mme Scarron, dit-il, est bien reçue partout. Mais jusqu’ici on ne croit pas qu’elle ait fait le saut. » M. de Charleval, qui l’adore, ne le lui fera pas faire.