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Catherine, sa cousine, épousa Antoine, duc d’Aumont.

Ce Paul Scarron avait la tête vive sous le bonnet carré. Il était de ces sénateurs augustes, de ces tuteurs des rois, de ces pères de la République qui ne cédaient rien de leurs prérogatives et qui, dans leur zèle à représenter les États, se substituaient aux États. Aux funérailles d’Henri IV, il fut un des plus récalcitrants aux prétentions des évêques, que le comte de Soissons plaça dans le cortège immédiatement derrière le char funèbre. Les gens de justice avaient en vain réclamé ce rang. Ils poussèrent rudement nos seigneurs du clergé tout le long du chemin. Le conseiller Scarron, ayant peu ménagé, pour sa part, les talons de l’Église, fut arrêté par les sergents.

Si roide qu’il fût en robe et sous l’hermine, il était débonnaire dans sa maison. Ayant épousé, peu de temps avant d’entrer au Parlement, demoiselle Gabrielle Goguet, il eut de ce mariage trois filles : Marie, Anne et Françoise, puis trois garçons : Pierre, Jean et Paul. Ce dernier, venu en ce monde au mois d’avril de 1607, n’y resta pas jusqu’à l’été. Mais, le 4 juillet 1610, un autre enfant du même lit fut tenu sur les fonts par Alexandre d’Elbène, capitaine de cinquante hommes d’armes, premier maître d’hôtel de la reine, et par Marie d’Aligre, femme de Philippe de Béthune, gouverneur de Monsieur. Ce petit chrétien fut nommé Paul, comme celui qu’il remplaçait. Et quand la mère songeait encore à l’autre, à l’enfant disparu, Paul pouvait dire, comme je ne sais plus quel petit innocent : « C’est moi qui suis mon petit frère. »