… n’eus-je pas ma Camille, Douce blonde ail front pur, paisible jeune fille, Qu’au jardin je suivais, la dévorant des yeux ? N’eus-je pas Nathalie, au parler sérieux, Qui remplaça Camille, et plus d’une autre encore ?
Çà et là il confesse des amours moins enfantins et tout aussi peu fidèles.
Sainte-Beuve était laid : sa grosse tête rouge et sa face poupine prêtaient à la moquerie. Il n’était pas taillé pour séduire, ou du moins pour avoir l’air de séduire, et il en souffrait, car il y avait du Lovelace en lui. La belle mine d’un Byron ou d’un Chateaubriand eût servi ses appétits en éveil : il dut se contenter de sourdes aventures et mener des triomphes sournois. N’eut-il pas pourtant son heure auprès de quelqu’une des plus belles et des plus désirées ? On le dit, et la raison suprême de ces sortes de rencontres est : Pourquoi pas ?
Quelques années se passèrent sur le succès tranquille mais heureux des Consolations, et le poète reparut avec une physionomie nouvelle. Les Pensées d’août furent publiées en 1837.
C’était à son retour de Genève : l’amour terrestre et l’amour divin s’étaient taris ensemble dans son âme, le printemps était passé ; il descendait la côte. Bien des choses étaient mortes en lui, mais non son admirable faculté de comprendre. Lui-même il disait en parlant de son âme : « L’intelligence luit sur ce cimetière comme une lune morte. »
Il y a peu de souhaits et de confidences, et pas d’amour, dans les Pensées d’août. Le poète ne se plaint