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Wordsworth, des Crabbe et des Cowper, de tous ces poètes vrais, purs et naturels, qui créèrent une poésie à la mesure de l’homme nouveau, une poésie empreinte de toutes les délicatesses du sentiment moderne.

Il n’oublia pas plus tard ce qu’il leur devait : « Les Anglais, écrivit-il en 1861 à M. l’abbé Constantin Roussel, les Anglais ont une littérature poétique bien supérieure à la nôtre et surtout plus saine, plus pleine… Je n’ai été, poète, qu’un ruisselet de ces beaux lacs poétiques, mélancoliques et doux. »

Ruisselet, puisqu’il le veut, et parfois même un peu mince et tortueux, mais qui rend un murmure qui plaît en surprenant, en inquiétant même, et qu’on ne peut oublier !

Je me rappellerai toujours, pour ma part, ce beau souhait modeste :

Voir ma vigne courir sur mon toit ardoisé !

Et, dans cette même veine des lakistes, ce trait de nature si précis et qui fait symbole :

L’arbre a blanchi le sol de fleurs à peine écloses.

Et encore cette comparaison étrange, inattendue, qui ouvre brusquement dans un tableau d’intérieur un large pan d’idéal. C’est à propos d’une belle jeune femme, ayant la tête penchée

Et dans ses blonds cheveux ses blanches mains errantes, Tels deux cygnes nageant dans les eaux transparentes…

Enfin, c’est un agrément que de savoir par cceur et