Elle sut se remettre à temps d’une alerte plus chaude. Quand, par une belle nuit, l’amiral Bonnivet monta, en chemise dorée et en bonnet de nuit brodé, par une trappe en la ruelle de Mme Marguerite et se coula dans le ht auprès d’elle, elle qui était forte, sitôt réveillée, se mit en devoir de frapper, mordre et égratigner le galant, tant qu’il lâcha prise. La dame d’honneur, femme âgée et sage, accourut en chemise aux cris de sa maîtresse. L’amiral descendit vitement par sa trappe. Trouvant son miroir et sa chandelle sur sa table, il se vit à la figure des trous à ne pouvoir se montrer de quinze jours. L’amiral allait roidement à l’abordage, comme on voit. Et dans cette aventure il risquait sa tête, qui eût sauté de dessus ses épaules sur un mot de Mme Marguerite. Elle ne dit pas ce mot, et c’est ce qui achève de nous la rendre tout à fait aimable.
La part qu’elle prit dans les querelles religieuses, qui éclataient alors fut toute d’amour et de paix.
Elle inclinait vers la réforme, qui comptait à sa tête ! les hommes les plus intelligents, les plus savants et les plus graves du siècle. Pourtant elle ne se détacha jamais tout à fait de la papauté, qu’elle voulait amender, non détruire.
La réforme selon son cœur réconciliait Luther et le pape. Hélas ! elle avait trop d’esprit pour espérer la concorde qu’elle souhaitait ! En attendant, elle donnait asile aux fugitifs et s’efforçait d’arracher les réformés à la prison et au bûcher. Elle fit de grands efforts, mais en vain, pour sauver Dolet et Berquin.